Un procès injuste fait au secteur immobilier par Jean Jacques OLIVIÉ, président de l’Anacofi immo

La France a une histoire particulière avec le secteur immobilier. Depuis des siècles, le pays est connu et reconnu pour la qualité de ses bâtiments, au travers une architecture remarquable ou des ouvrages impressionnants, à la différence de bien des pays du monde qui nous jalousent notre patrimoine. Jean-Jacques Olivié, président de l’Anacofi immo, s’insurge contre le traitement qui est réservé depuis deux ans au secteur immobilier !

Ce savoir-faire ancestral n’a aujourd’hui pas disparu, bien au contraire. Il s’est même démocratisé, étendu, jusqu’à devenir un avantage compétitif majeur du pays. Ainsi et de manière naturelle, le secteur est devenu un poids lourd de l’économie française : au-delà de constituer un avantage patrimonial indéniable au niveau mondial, il crée aujourd’hui 6% de la richesse créée annuellement dans le pays (Produit Intérieur Brut) soit à peine moins que le tourisme (7% du PIB), affiche un chiffre d’affaires total dépassant 170 milliards d’euros, mais aussi plus de 1,4 million de salariés soit plus de 8% de l’emploi total en France et représente plus de 536 000 entreprises.

La diversité des acteurs intervenant dans le secteur immobilier est impressionnante, avec des métiers allant de la construction des bâtiments publics/privés, de la promotion immobilière, de la distribution de logements (indépendants ou réseau bancaire), du génie civil et des travaux publics.

Les tailles des acteurs sont également des plus variées, avec une myriade de TPE qui innervent souvent les territoires les moins connectés, coexistant avec des mastodontes (Bouygues, Vinci, Eiffage, etc) qui intègrent la quasi-totalité des métiers en leur sein et préemptent souvent les chantiers les plus importants.
L’immobilier a engendré une dizaine de dispositifs fiscaux

Depuis plus de 50 ans, les politiques publiques ont bien compris quel rôle pouvait jouer le secteur immobilier, à la fois en terme de réponse à un besoin de logements avéré, de génération d’emplois non délocalisables ou encore d’outil de politique publique contracyclique, c’est-à-dire permettant de soutenir l’économie lorsque celle-ci est fragile (à l’image de la récession de 2008-2009). Cela s’est traduit par plus d’une dizaine de dispositifs fiscaux visant à doter le pays d’un secteur de la construction fort en France : les premiers dispositifs fiscaux ont été lancés dès 1962 pour les logements anciens (Loi Malraux puis tout récemment Denormandie) puis en 1984 pour les logements neufs avec la loi Méhaignerie, qui sera suivie par 8 dispositifs successifs jusqu’à l’actuel dispositif « Pinel ».
L’activité immobilière: un atout de taille pour l’économie française

L’ensemble de ces dispositifs visant à favoriser durablement l’activité immobilière présente plusieurs intérêts majeurs pour l’économie française :

D’abord la qualité des logements et des infrastructures est un facteur indéniable de compétitivité pour le territoire dans sa globalité, et non l’inverse. En ce sens, l’immobilier permet de gérer de manière dynamique son territoire et ainsi éviter les phénomènes d’engorgement déjà à l’œuvre depuis 30 ans avec l’hypermétropolisation. Ainsi, ce secteur permet d’anticiper et non de subir l’activité sur les territoires, facteur essentiel permettant d’assurer la cohésion territoriale, préalable à la cohésion sociale.
Dans cette veine, il permet de faire se rencontrer une épargne disponible qui ne se situe pas toujours là où le besoin en logements est le plus prégnant. En effet, il n’est pas rare de constater un déficit d’épargne dans certaines zones. Les dispositifs fiscaux, via un mécanisme de fléchage fiscal, permettent ainsi de faire fonctionner la solidarité sur l’ensemble du territoire français, afin de répondre au besoin en logements de certaines zones. Preuve de la nécessité de flécher l’épargne via des dispositifs adaptés, le recentrage récent du dispositif Pinel excluant désormais les zones dites « B2 » provoque l’effondrement du nombre de logements construits pour les villes concernées, alors même que le besoin en logements est avéré.
Enfin et c’est un élément crucial : le secteur immobilier permet de soutenir l’activité lors des périodes difficiles, avec la création d’emplois non délocalisables. C’est ce qui explique notamment la différence de résilience entre les économies allemandes et françaises lors de la grande Récession des années 2008-2009 : quand la première économie européennes chutait de plus de 6% en quelques trimestres, la France résistait et n’affichait une baisse de la richesse créée que de 3%.

Conscient de ces facteurs, il devient urgent de faire preuve de pédagogie auprès des pouvoirs publics, afin que cesse ce procès systématique depuis 2 ans envers le secteur immobilier (jugement dont les autres actifs comme les actions ou les obligations sont d’ailleurs exemptées), qui, loin d’être la source de tous les maux du pays, doit au contraire jouer le rôle de levier permettant de répondre à la dislocation géographique et sociale, voire d’injustice fiscale qui caractérisent le pays aujourd’hui.
L’Anacofi en quelques mots : L’Anacofi est la première instance française de représentation des Conseils en Gestion de Patrimoine, Conseils en Haut de Bilan et autres Ingénieurs Sociaux mais aussi des Courtiers essentiellement en Assurance-Vie.

Article paru dans la Tribune le 27 mars 2019

Les décideurs nationaux de l’immobilier découvrent l’économie créative nantaise

Le CINA et l’association Sciences Po immobilier accueillaient à Nantes le 21 mars dernier quelque deux cents décideurs appartenant au “Club des clubs“ de toute la France. Celui-ci réunit des anciens des grandes écoles liés au monde de l’immobilier : Investisseurs, promoteurs, avocats, conseils, industriels, etc. Il s’agissait du vingt-sixième voyage annuel de ce club créé en 1994 et venu à Nantes pour la deuxième fois.

Arrivés de Paris par le train tôt dans la matinée et accueillis au Lieu Unique par le Président Alain Raguideau, ils ont d’abord entendu une présentation de l’évolution de la métropole nantaise sous l’angle de l’économie créative, thème de cette journée.
Un point sur l’immobilier de logements dans la ville leur a été ensuite exposé par Bertrand Mours à partir des chiffres de l’observatoire OLOMAet ONILOCA. Puis, à partir de ceux de l’ONITA, Gildas Martienne et Christine SERRA ont fait de même pour l’immobilier d’entreprise. Enfin Benoît Méchinaud de la CCI a présenté la situation du commerce sous le même angle. L’opération de grande ampleur Révélation de Cogedim prévue pour 2020 sur l’ancienne maison d’arrêt de la place Aristide Briand a également fait l’objet d’une projection vidéo.
Les participants ont ensuite embarqué dans des autocars pour un circuit dans Nantes comprenant le miroir d’eau du Château, le Carré Feydeau, le marché de Talensac, l’Île de Nantes pour aboutir au siège de l’entreprise AIA Life Designers installé dans l’ancien bâtiment de l’ancienne salle à tracer des chantiers navals.
Là furent évoqués les grands projets urbains concernant la gare, le transfert du MIN, le futur CHU et l’extension du Palais des sports. Tout ceci vise à positionner Nantes comme étant une ville où sont inventées les transitions pour demain, qu’elles soient numériques ou écologiques. À cette occasion, fut souligné le partenariat exemplaire public-privé entre le CINA et la métropole avec ses vingt-quatre communes.
Pour y contribuer, la French Proptech créée à Nantes un an auparavant devrait permettre de développer le numérique et le digital dans vingt-cinq entreprises nantaises et les cent-trente qui les ont rejointes en France.
Le transfert pour le déjeuner aux Salons Mauduit reconstitués a permis à l’architecte Xavier Leibar et à Philippe Josse, Vice-président du CINA, d’évoquer la spectaculaire opération Say-Désiré Colomb dans l’ancienne bourse du travail et ses environs.

Puis la Maire de Nantes Johanna Rolland a accueilli les participants dans les nouveaux locaux de l’Ecole d’architecture. L’aménagement de l’Île de Nantes par la SAMOA a été exposé par son directeur Jean-Luc Charles. Cette présentation fut ensuite illustrée in situ par des parcours pédestres dans divers sites avoisinants.
La journée s’est achevée par une visite en bateau de la pointe ouest de l’ile de Nantes et par une découverte de la galerie des Machines de l’île.

IMMOFUTUR Réversibilité des bâtiments : Utopie ou vision d’avenir ?

Avec son groupe de travail « IMMOFUTUR » réuni à ce sujet le Jeudi 13 décembre dernier, le CINA s’est emparé du sujet dès l’élaboration de la loi relative à l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique, via notamment une contribution adressée au Sénat.

Les apports de la loi ELAN (dérogations aux règles d’urbanisme, bonus de constructibilité, création de la catégorie des immeubles de moyenne hauteur, accessibilité) entre-ouvrent certes, une fenêtre vers la voie de la réversibilité mais de nombreuses contraintes persistent encore.

Réduire l’impact carbone de la construction immobilière, faire des villes durables évoluant au grès des changements sociétaux ou encore combattre l’obsolescence programmée des bureaux, tels sont les enjeux actuels du monde de l’immobilier.
À l’heure où les manières d’habiter et de travailler sont en constante évolution, la réversibilité des bâtiments apparaît comme une solution aux milliers de m² de bureaux vacants et obsolètes. Elle consiste en la réalisation d’un bâtiment qui, dès sa conception, pourrait facilement et à moindre coût, changer de destination.

Pourtant abordés par de nombreux architectes, les programmes réversibles sont peu nombreux et les tentatives encore timides.

  • Comment concilier dans un même bâti, différents modes constructifs pour différents usages ?
  • Quelle destination de l’immeuble inscrire sur le permis de construire ? Comment stabiliser un bilan avec une mise en place future de l’option de réversibilité incertaine ?
  • Quel sera le futur mode de gestion de l’immeuble ?
  • Quel en sera le statut des occupants ?
  • Que se passera-t-il en cas de vente avant ou après la levée de l’option de réversibilité ?
  • Quelles seront les responsabilités recherchées en cas de défaillance de cette dernière ? …
    En réalité ce sont de multiples obstacles juridique, technique et financier qui se dressent devant tout opérateur voulant réaliser ce type de programme.

Si nous partageons cette vision de principe, empreinte de durabilité vertueuse, nous voyons bien que rien ne se fera sans la remise à plat d’une règlementation aujourd’hui figée: il faudra pour ce faire changer de paradigme !
Un exemple de solutions « Construire réversible » (Mai 2017 – Agence CANAL ARCHITECTURE)

Résumé de la présentation au CINA d’Anya CASTANIER, étudiante ICH/CNAM de Nantes– Jeudi 13 Décembre 2018